Ce billet ne sera pas rédigé par Doudou cette fois, mais par moi. J'ai fais ce choix afin de garder un maximum de détails de ce jour si fou pour nous, pour moi, amateurs de textes courts, passez votre chemin ;)

3h05 du matin, je me réveille sans raison apparente, mais constate vite une douleur de contraction. Petit coup d'oeil sur le réveil, au cas où... La veille avant de m'endormir, je disais à Doudou que j'avais une impression de contraction aussi, mais trop faible pour ne pas m'endormir.

3h30, je constate un rythme de contraction régulier, je commence à les enregistrer sur une appli pour avoir des mesures plus précises facilement et je prends un spasfon pour continuer le dépistage d'un faux travail. Je me recouche et continue d'enregistrer les contractions, Doudou s'est un peu réveillé.

A 4h30, le spasfon ne fait pas effet. On passe à l'étape suivante : le bain ! A ce moment, j'ai l'impression que Doudou s'est rendormi, je fais le moins de bruit possible. Je saute dans l'eau, souvenirs souvenirs. Les contractions s'espacent, on est a 12 minutes, puis 14 minutes, j'attends une heure. Je décide de rester dans le bain pour me rapprocher du réveil normal de Lilo, ainsi, si je sors et que ça s'accélère, Lilo sera chez l'ass mat.

Lilo se réveille exceptionnellement 40 minutes avant son réveil. Je suis encore dans le bain. Elle commence à se poser des questions. On attend l'heure de son réveil dans notre lit puis on descend normalement prendre le petit déjeuner. Je ne sais pas si je dois manger car si c'est un faux travail, je dois aller au laboratoire pour un dernier examen pour la péridurale.

Finalement je décide de manger, on sait jamais et tant pis, j'irai au labo demain. J'envoie un sms à ma sage-femme pour savoir si je peux venir la voir pour un monitoring dans la matinée. Je prépare le sac "spécial jour de l'accouchement" de Lilo puis quand on l'habille, on lui explique ce qu'il peut se passer dans la journée. Lilo est pas mal auprès de moi, veut des calins, et me dis "ça va maman ?" d'une manière trop mignonne. Elle part à l'heure normale chez l'ass mat, avec son sac normal et le sac d'accouchement.

Les contractions se sont re-accélérées pendant l'heure, j'ai l'impression que quand je m'active, le travail reprend mieux. A partir de ce moment, je prépare les dernières affaires de ma valise, je fais aussi la potentielle dernière photo de suivi :

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Ma sage-femme me donne rdv à 10h30 pour un monito. En attendant, j'avance sur le film de Lilo pour ses deux ans. On arrive et Pauline m'ausculte à 11h. Le verdict est mitigé : je suis dilatée à 2 doigts, larges. Autrement dit, mes petites contractions ont quand même fait progresser la dilatation. Le col est moins long que fin mai, mais toujours postérieur. Ce n'est donc pas un faux travail, mais la suite des événements est complètement floue.

On passe au monitoring dans une salle à côté. Je croise les doigts pour avoir une contraction pendant ce temps car encore une fois, les contractions s'espacent. Finalement c'est bon, j'en ai même trois durant le monito. La petite pamplemousette bouge bien, tout va bien.

On commence avec Doudou a réfléchir à notre plan d'attaque. Le mieux pour Lilo, c'est de préserver son rythme quotidien. On part donc sur l'idée de laisser Lilo dormir l'après-midi chez l'ass mat, ainsi sa sieste ne sera pas perturbée si le travail s'accélérait à la maison. Pour l'après-sieste, comme nous n'avons toujours aucun idée de quand le travail va vraiment se mettre en route, la solution de demander à mes beaux-parents de venir à la maison parait la plus saine et sereine pour tout le monde.

Pauline nous apprend également qu'elle part en week end et qu'en cas de retour précoce, elle ne serait pas disponible. Le scénario de Lilo est en train de se reproduire, il faut qu'on trouve une solution.

Nous rentrons à la maison et nous élaborons la liste des choses à faire dans les minutes/heures qui viennent. Demander leur disponibilité à mes beaux-parents, prévenir l'ass mat pour la sieste, trouver une solution pour le retour précoce et j'en passe.

On commence par manger, j'ai faim et on ne sait jamais... ça pourrait être mon dernier repas ! Depuis le monitoring, les contractions sont repassées a 5 - 7 minutes, c'est encourageant. Elles sont facilement gérables, et Doudou m'accompagne depuis ce matin en me faisant un massage des fossettes dans le bas du dos : royal. Parfois même, quand il le commence trop tôt, il retarde/arrête la contraction en cours.

Tout s'enchaine très bien. Je me régale d'un bon dessert glacé et on regarde un petit épisode de Himym en attendant 15H. Les contractions sont repassées à 5m30 d'intervalles :

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En effet, j'avais pris en début de semaine un rdv chez l'ostéo pour vérifier que le bassin était bien ouvert et que la route serait parfaite quand bébé voudra sortir. Comme ça ne dure pas longtemps et que ça ne s'accélère pas spécialement, j'ai bien envie d'y aller quand même. L'ostéo est bien sympathique et impressionné un peu par notre folie d'être là. La manipulation n'est pas longue, j'ai seulement trois contractions pendant le rdv, c'est déjà fini !

En sortant, on hésite et on décide de partir à la mater pour faire un point et voir si les contractions depuis le matin continuent d'avancer le travail. Avant l'ostéo, j'avais appelé la maternité pour leur prévenir de notre arrivée potentielle et du fait que nous avions rédigé un projet de naissance.

Nous arrivons à 15h49 :

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A ce moment, c'est sûr, nous n'allons pas rester, ce n'est pas pour tout de suite. Nous sommes pris en charge rapidement. La sf que j'ai eu au téléphone vient nous rencontrer, elle s'appelle Kaelig. Petit interrogatoire, elle me demande d'estimer la douleur des contractions, je réponds 2-3, aller, peut être 4 ! J'ai l'impression qu'elle me regarde en pensant "qu'est ce que tu fais là madame si t'as pas mal".

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On passe au monito et vient alors l'examen : "j'ai une bonne nouvelle", nous dit-elle, "le col est effacé, vous êtes dilatée à 4, voir 5 si on pousse un peu. Le travail a bien commencé".

Doudou et moi sommes étonnés : "ah bon, on ne rentre pas ?". Elle me répond que c'est moi qui lui dit que le travail pour Lilo avait été rapide, impossible donc de repartir à 15 minutes de l’hôpital. Nous avons le choix : bain ou promenade. Elle me pose le fameux "cathlon" obligatoire en cas d'hémorragie de la délivrance. Nous décidons de suivre le chemin pris deux ans plus tôt, nous optons pour le bain chaud.

La salle de pré-travail est plus récente que celle de Lilo, la baignoire est classe !

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Depuis l'auscultation de la sage-femme, les contractions se sont bien rapprochées : toutes les 3-4 minutes ! La sf a peut être des doigts magiques...

On prend nos marques, le bain est super chaud, je n'en peux plus de chaleur ;) Je trouve ma position et toutes les 3minutes 30, Doudou me masse les fossettes, enregistre la contraction sur mon téléphone et se rasseoie. A chacune de ces contractions, je commence par fermer les yeux et revoir l'image du matin, quand Lilo m'a regardé et m'a dit avec sa petite voix trop douce et trop mignonne : "ça va maman ?". Ensuite, je gère comme je peux, en soufflant fort fort.

Au bout d'une quinzaine de contractions, je sens une des contractions plus forte, on dira "estimée à 7".

Là, je préviens Doudou, si j'en ai encore deux de ce type, on sort et on alerte la sf. Finalement, la troisième contraction forte arrive et ça fait déjà une heure que je suis dans le bain. Une étudiante presque sage-femme nous retrouve, elle va participer activement à l'accouchement, avec notre accord.

Elle pense nous faire un monitoring mais on l'encourage a faire d'abord l'examen, histoire de savoir si je délire ou pas. Nous faisons bien : je suis à 8 et j'ai une nouvelle contraction où j'ai vraiment envie de pousser à la fin. Là on ne plaisante plus, il faut s'activer vraiment, la puce arrive. L'étudiante, Flore, comprend bien le message et part voir pour la salle d'accouchement. Nous attendons une nouvelle (violente) contraction, puis on file très rapidement à la salle d'accouchement. Je regarde l'heure : 18h33. Doudou doit s'habiller de la blouse officielle, et des protections pour les chaussures.

Là je presse un peu Flore, je ne veux pas ravoir de contractions de ce type debout, il faut vite que je m'allonge. Des larmes d'émotions ou d'adrénaline me viennent, je me reprends vite car elles me font suffoquer et surtout, nous ne sommes pas encore au bout de nos peines. La sage-femme court chercher les sangles pour le monito et je m'installe sur le côté gauche. Les deux sf sont là, elles ont bien lu notre projet de naissance, c'est très agréable. Kelly me demande de ne pas pousser avant qu'elle m'examine... facile à dire !

Elle a finalement le temps de m'ausculter, c'est tout bon, je vais pouvoir pousser la belette. Elle rompt la poche des eaux pendant la contraction, Doudou me masse, les nanas m'encouragent, le délire total va pouvoir commencer.

S'en suivirent 4 énormes contractions accompagnées de cris bestiaux et puissants, que j'étouffe un peu grâce à un lange que j'ai pensé à prendre cette fois. A partir de ce moment, j'ai l'impression d'être en dehors de mon corps, j'en oublie de respirer, ce sont les sages-femmes qui sont obligées de me rappeler de m'oxygéner. J'ai même du mal à comprendre qu'elle me parle, c'est dément je vous dis.

Entre deux respirations au cours d'une contraction, j'ai des questions qui me viennent : "n'oubliez pas, pas d'épisio !" (et elles me répondent gentiment "oui oui nous savons") ou encore "bébé appuie bien, elle est bien engagée ?"... et puis je repars à essayer de respirer et d'essuyer la douleur de cette contraction.

La tête est prête à sortir, c'est pour la prochaine, un cri sorti de nulle part m'aide à pousser pour sortir la tête, j'entends au loin "doucement, doucement". Je pousse moins. Je sens la tête puis les épaules suivre rapidement. Elle est là, ça y est. Il est 18h46. "Regardez madame, elle est là". J'ouvre les yeux (je ne m'étais pas rendue compte que je les fermais), et aperçois un petit bébé tout recouvert de graisse blanche (comme le canard confit de noël). Jasmine est recouverte de son vernix.

Elle pleure très peu et émerge doucement. Les sages-femmes s'occupent du cordon, elles attendent qu'il s'arrête de battre, il va falloir s'occuper du placenta. Les dames aimeraient que Jasmine tête un peu, pour me donner des contractions afin que j'expulse le placenta. Mais Jasmine n'est pas encore prête, peu importe, je vais pousser et l'expulser toute seule.

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En deux poussées, c'est tout bon, mais qu'est ce qu'il est gros ! Je n'ai pas eu besoin de l'ocytocine soi-disant obligatoire, je n'ai pas eu besoin du cathlon, je n'ai reçu aucun produit durant mon accouchement, quel bonheur.

Doudou coupe le cordon, Jasmine réussit toute seule à téter.

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Commencent alors 3 heures de rencontre avec Jasmine, accompagnées d'aller-retour de la sage-femme étudiante qui appuie sur mon utérus pour vérifier que tout se remet correctement en place toutes les dix minutes.

Kelly vient nous revoir également, nous féliciter et nous donner ses impressions. Pour elle, Jasmine fait plus de 3 kg ! Elle nous apprend aussi que la puce avait du liquide amniotique teinté jaune, cela sera peut être un soucis pour un retour précoce. Nous sommes au courant, c'est exactement ce qui s'est passé pour Lilo, deux ans avant.

Nous prenons quelques photos sur téléphone pour envoyer à nos proches :

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Voici la salle de l'accouchement :

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Les premiers coups de fils passés, nous avons hâte de regagner la chambre, pour prendre nos marques et enfin se poser. Les équipes ont changées, nous demandons à la sage-femme si nous allons pouvoir regagner notre chambre sans rhabiller Lilo, elle accepte.

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Jasmine baptise le lange, moi-même et la petite couverture Bai Jia Bei d'un joli caca de méconium, yummy !

Quand l'auxilliaire puériculture arrive pour peser Jasmine et faire les premiers soins, notre demande pour le minilou la fait tiquer un peu. En s'appuyant sur l'accord de la sage-femme, elle finit par accepter. Notre projet de naissance aura été mené de bout en bout, quelle joie de pouvoir découvrir que dans les conditions idéales, nous pouvons tout à fait être écouté, même dans une grande structure publique.

Nous regagnons notre chambre, j'avais appris un peu avant que ce serait une chambre double, encore, mais que je serai seule, sauf si beaucoup de femmes viennent à accoucher. De toute façon, je n'ai pas le choix. Doudou pousse la chaise dans laquelle je suis assise avec Jasmine sur moi dans le minilou. Nous découvrons avec étonnement que notre chambre attribuée est celle où j'étais avec Lilo. Je suis juste dans l'autre lit, tout au fond, c'est toujours ça.

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On m'apporte le plateau repas, trop génial, j'avais vraiment faim. Je transfère Jasmine sur Doudou en peau à peau toujours :

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On en profite aussi pour immortaliser mes fossettes toute rouge, que Doudou a bravement massées tout au long de ces contractions, de 8h à 18h46 :

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Quelle journée les amis. Doudou rentre vers 22h45, il doit trouver quelqu'un pour obtenir les papiers pour la mairie le lendemain matin. Je reste avec notre petite Jasmine, elle dort sur moi dans le minilou, en peau à peau (avec couche quand même ;)), on est bien, on est vraiment bien. Mais j'arrête là pour le récit de la journée. Je rajouterai bientôt des photos de l'après-midi de Lilo avec mes beaux-parents.

Je tiens d'ailleurs à les remercier sur ce billet, pour leur réactivité et leur disponibilité. Grâce à eux, nous avons vécu un accouchement totalement libre de se préoccuper du bien être de Lilo, nous savions que tout irait pour le mieux et qu'elle serait ravie de jouer avec eux. Notre ass mat a aussi été super. Je ne pensais pas que tout s'enchainerait si bien, je m'attendais à des situations pleines de perturbations et de stress pour notre bichette et pour nous.

Encore un accouchement de folie, et un accouchement de rêve à la fois. Si vous voulez une comparaison (minime), cet accouchement me fait penser à l'attraction "La tour de la terreur" à Disneyland. Pendant toute la file d'attente, vous vous inquiétez (les neuf mois de grossesse), vous doutez, vous stressez, mais il est trop tard, impossible de faire demi-tour (le jour J). Et finalement, l'attraction est juste incroyable et démente, la sensation est extra-ordinaire et une fois terminée, vous n'avez qu'une envie, recommencer ;) Bon, puissance dix milles pour la sensation extra-ordinaire, et l'envie de recommencer, ok, mais pas demain non plus quoi... !

J'ai quand même beaucoup de chance d'avoir vécu deux accouchements si fou, si peu invasif sur mon corps, si naturel et si simple, je le sais et je le savoure. Merci au personnel médical de cette journée de l'hopital Chubert à Vannes. Merci à toi mon Doudou d'amour. Bienvenue ma petite Jasmine.