Quel parent n'a jamais pensé cette phrase durant la première année de vie de son premier, deuxième, ... dixième bébé ? Aujourd'hui j'avais envie de revenir avec vous sur cette histoire de larmes et de faire un petit tour des idées/remarques/solutions qui vous permettront peut être, la prochaine fois que vous l'entendrez pleurer, de sourire. Si si.

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Commençons par faire un tour des faits :

  • Fait n°1 : votre tout petit chérubin a passé presque 9 mois dans le ventre de sa maman. Il a été bercé par ses pas, ses gestes, en contact PERMANENT avec le corps chaud. Il a entendu pendant environ 5 mois des sortes de son, toujours les mêmes quasiment, c'était loin, mais c'était souvent les mêmes vibrations. Il était nourris en permanence par le cordon ombillical.
  • Fait n°2 : cet amour de jeune primate n'a pas été doté d'un dictionnaire et de notre langue, lorsqu'il est né. La nature ne lui a donné qu'une seule manière de communiquer dans un premier temps : pleurer. Indigne mère nature, tu nous le paieras !
  • Fait n°3 : dans, aller, environ 90 % des cas, deux adultes consentants ont souhaités faire un enfant et ont fait le choix de faire venir au monde un nouveau petit être humain. Le petit lui, n'a pas eu le plaisir d'avoir ce choix, il est né et puis voilà.

Pour essayer d'imaginer ce qui peut bien se passer dans la tête d'un bébé, j'aime toujours trouver une situation qui pourrait m'être semblable, à peu près, enfin je crois, et de voir qu'est ce que je pourrais bien penser. Je vous emmène avoir moi ? Nous partons là, tout de suite, maintenant, sans préparation mentale ou matérielle. Nous sommes téléportés sur une île (paradisiaque !!) chacun. Seul. Sans nourriture, sans eau, sans téléphone évidemment, sans rien que nos vêtements sur nous (et encore là, je vous fais un cadeau hein) mais la plage est super canon, et y a des cocotiers.

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Comme je ne vous ai pas prévenu, vous commencez à avoir un peu faim. Vous commencez à chercher de la nourriture, mais ce n'est pas simple, vous n'avez pas de mode d'emploi et bordel, ils n'ont pas encore inventés le drive ici.

La nuit commence à tomber. Vous n'êtes pas préparé non plus ! Pas de cabane, pas de toit, pas de lit, pas de tente deux secondes !! Vous vous mettez à l'orée de la jungle, mais est-ce le meilleur endroit ? Et tous ces bruits ? Ça fout carrément les jetons ! Et ça bouge pas loin, c'est quoi ? A quelle sauce vais-je me faire manger ? Bordel, la frousse ! Les heures passent, vous êtes crevés, mais impossible de dormir, c'est trop inquiétant. Il faut rester éveiller.

Le jour se lève, vous n'avez presque pas dormi, vous avez très très faim, et froid, et vous êtes vraiment perdu. Les larmes commencent à couler, et vous sanglotez. De plus en plus fort. Pendant de longues minutes, que c'est épuisant de pleurer. C'est alors qu'un être vivant s'approche de vous. Un singe (oui oui, y a des singes sur mon ile perdue !) a entendu vos pleurs et s'inquiète de vous voir si dévasté. Sa présence vous réchauffe le cœur, vous n'êtes pas seul.

Le singe ne comprend rien à vos baragouinages. Il commence alors à vous emmener vers un endroit de l'ile, sa "maison". Il vous montre une source d'eau et vous offre à manger. Le réconfort est immédiat. Les jours passent, vous êtes toujours avec ce singe qui vous abreuve et vous nourrit, mais vous vous sentez toujours très seul. La tristesse vous emporte et vous pleurez à nouveau. Le singe, toujours très perspicace, vous offre de nouveau à manger et à boire, mais ce n'est pas de ça dont vous avez besoin. Il vous encercle alors de ses bras et vous donne un peu de chaleur et de compassion, de l'amour.

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Je vais m'arrêter là dans mon trip complètement dingue de comparaison. Vous voyez bien où je veux en venir. Les pleurs de bébé sont leur moyen de nous faire comprendre dans leur langage, le seul qu'ils aient, que quelque chose ne va pas. Faim, soif, peur de l'inconnu, inquiétude, solitude, ça ne l'amuse pas de pleurer, ça lui demande de l'énergie. Si, seul sur votre ile, personne n'était venu en entendant vos longs sanglots, vous vous seriez pas arrêté, jusqu'à épuisement non ? Et le lendemain, vous auriez recommencé ? Soyons honnête, non, vous n'êtes pas stupide, cela ne servait à rien. Cela vous aurait-il pour autant enlevé votre faim, votre soif ou votre peur ?

Pourquoi, alors que je viens juste de débarquer sur cet île, je devrais savoir comment me nourrir et me rassurer toute seule, alors que personne ne m'a accompagné ou appris comment le faire dans ce nouveau monde ?

Petit à petit, dans vos bras, ou à votre contact, le bébé va apprendre à se rassurer, à avoir confiance en vous. Totalement en sécurité, il va vouloir découvrir le monde qui l'entoure, en s'éloignant de quelques centimètres, puis très vite de plusieurs mètres ! Le bébé qui aura été seul pour apprendre à se rassurer, qui aura mis du temps à trouver comment le faire seul, quittera-t-il facilement cette situation de sécurité pour se retrouver à nouveau en pleine inconnue ?

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Les petits malins me diront que certains bébés, même dans les bras, continuent de pleurer. Certains pleurs ne sont pas encore expliqués, et ne le seront peut être jamais. Mais pour ceux qui ont pu vivre cette expérience dans leur passé, pleurer seul ou dans les bras de quelqu'un, quel est le plus réconfortant ?

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Alors, OK, les pleurs de bébé, c'est super fort, et super énervant, et super fatiguant à écouter. Je suis carrément d'accord sur le fait que sur le moment, c'est LONG, TRES LONG, et DUR, TRES DUR. La fatigue qui s'accumule, l'angoisse du "quand va-t-il s'arrêter", "vais-je un jour pouvoir redormir normalement", "qu'est ce qu'il a ?" !

Seule la patience et le soutient des proches vous aidera à mieux vivre ce moment. Rappelez vous vos motivations de l'origine de sa naissance et rappelez-vous que lui aussi, il est fatigué, et personne ne lui a demandé de venir au monde. Et cette phrase, que vous avez entendu 36 millions de fois et que vous aussi, vous redirez : "profitez de ces moments, ça passe si vite". A votre avis, ils n'ont pas eu cette période difficile avec leur bambin aussi ?

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N'ayez pas peur de votre attachement à votre bébé. Portez-le, dans vos bras, contre votre cœur. Rassurez-le en lui parlant comme vous parliez quand il était dans votre ventre. Nourrissez le tant qu'il a faim, abreuvez le tant qu'il a soif. Dormez tout près de lui pour qu'il puisse dormir lui aussi sereinement. Et quand il sera prêt, il s'éloignera de vous tout naturellement et en pleine confiance. Promis, à 17 ans, il n'aura plus aucune envie de dormir avec vous ;)

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Il n'y a pas de mauvaises habitudes. Il y a des traditions, des idées reçues, des conseils, mais il y a surtout le bon sens, votre instinct et quelques soient les choix que vous ferez, rien n'est définitif, surtout à cet âge. Vous avez le droit de faire différemment, vous avez le droit de vous tromper, l'important c'est que vous, et surtout votre enfant, soyez à l'aise et heureux dans ces choix. Faites confiance en ses pleurs. C'est tout ce qui compte.

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Alors MERCI bébé de pleurer. Merci de continuer à communiquer. Je ne te comprendrai pas toujours, je ne serai pas toujours très compréhensive et bien réveillée, mais je ferai de mon mieux. Et promis, à chaque fois que tu pleureras, je serais là.